R comme Rue du

20 Novembre 2020

Rue du …

Achille Faulle et Marie Thiré

En ce début d’année 1876, Achille regarde d’un air songeur les déménageurs qui s’activent.

Demain il aura quitté son village natal pour Paris. Une nouvelle vie va commencer.

Mais a-t-il vraiment bien fait ?

Marie, sa femme et Rosalie sa sœur ont été bien difficiles à convaincre. Quitter le village et quitter toute la famille, bien sûr qu’elles n’en avaient guère envie.

Mais ce qui les faisait le plus hésiter, c’était le nom de la rue dans laquelle se trouvait

l’immeuble ! Jean Baptiste son ami et beau-frère et lui n’avaient pas eu d’hésitation

Jean Baptiste Millot et Rosalie Faulle

L’immeuble était dans un beau quartier de Paris, dans le 18^ème. Ça n’avait pas été facile de trouver un logement à Paris, où ils allaient habiter le temps de la construction du Trocadéro. Elles auraient dû être contentes D’un geste de la main il chasse ses pensées…. demain ils seraient parisiens, demain une nouvelle vie plein de promesses allait commencer. Peu importe que leur immeuble se trouve dans une rue au nom un peu inquiétant. Demain ils habiteront au 4 de la rue du Pré Maudit.

Cette rue est située dans le 18^ème. Elle se situe dans l’ancienne commune la Chapelle et fait suite à la rue de la Chapelle.

Elle débute par un porche passant sous un immeuble et se termine en cul de sac.

C’est au nr 4 de cette impasse, qu’habitaient mon arrière-arrière-grand-père Achille Faulle et sa femme Marie Thiré tout comme son beau-frère Jean Baptiste Millot et sa femme Rosalie Faulle, la sœur d’Achille,

Le nr 4 c’est l’immeuble jaune qu’on voit sur la gauche de la photo, immédiatement après le porche.

Cette rue, on la trouve déjà, sous le nom de « remise du Pré-Maudy » Et ce sur une carte des chasses du Roi datant de la fin du XVIIIème siècle.

Louis XV avait un amour immodéré pour les chasses et décida de faire copier l’ancienne carte du Duché de Rambouillet.

Cette carte des chasses du Roi, fut levée une première fois de 1764 à 1807.

Cette rue pourrait tirer son nom d’un ancien lieu-dit appelé le « Pré Maudit », et ferait référence à un pré qui s’y trouvait et sur lequel, d’après une légende, rien ne poussait.

Cette légende racontait aussi que tous les animaux qui y paissaient mourraient dans l’année qui suivait.

Mais ce nom pourrait aussi avoir une toute autre origine.

En 1417 des bohémiens qui avaient campé dans ce champ devant la Chapelle, auraient été excommuniés par Gérard de Montaigu, évêque de Paris, et le champ serait devenu un pré maudit.

Quand, en 1879, Achille et sa femme quittent Paris pour Montreuil, Jean Baptiste reste habiter là avec sa famille et ne déménagera pour Montreuil qu’en 1880.

Peut-être à cause d’un horrible fait divers qui eut lieu en 1880 dans cette rue ? Victor Prévost avait tué en l’assommant, puis tué et dépecé Alexandre Lenoble. Il en avait semé les restes un peu partout dans la ville, y compris dans la rue du Pré Maudit.

Jacques Pradel, dans son « heure du crime » a écrit à ce sujet : « Tout commence un matin du 11 septembre 1879, dans le 18^ème arrondissement de Paris. Une blanchisseuse de la rue de la Chapelle découvre un petit paquet sanglant enveloppé de toile grossière dans le caniveau… Le paquet sous le bras, elle se précipite chez son pharmacien puis chez le boucher du quartier. Les deux hommes sont catégoriques : il s’agit d’un bras humain, sectionné au coude et au poignet… »du beau travail » précise même le boucher ! »

Et cette rue continua à faire parler d’elle, justifiant ainsi son nom.

En 1905 l’empoisonneuse Jeanne Weber étrangla ses nièces au nr 7. Elle fut surnommée « l’ogresse du Pré Maudit »