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La transcription française de mon acte de naissance commence ainsi :

« Annemarie BRIENNE est née le onze février mil neuf cent quarante-huit à Altendorf Ruhr : directeur d’école : Raymond Georges Bertrand BRIENNE. Mère : Claire Irmgard BRIENNE, née Eilenbrock, les deux domiciliés à Altendorf s/Ruhr »

C’est ainsi. Je suis française, mais je ne suis pas née en France. Je suis née en Allemagne, dans ce bassin de la Ruhr. Ma famille maternelle est allemande. Mes toutes premières années je les ai passées là-bas, à Altendorf/Ruhr. Et elles m’ont marquées.

Ces gâteaux avec beaucoup de crème fraîche battue pour le gouter ; ces repas du soir, très tôt le soir, composés de charcuterie ; ces petits déjeuners copieux avec du café, du thé, des œufs, du fromage, de la charcuterie, de la confiture; toutes ces sortes de pain .. noir... seigle. Pumpernickel et autres.

 

 

 

 

 

 

Les « Buden » (petites boutiques en bois au coin de la rue) où j’allais acheter des « Salmiakpastillen » ces losanges de réglisses qu’on collait sur la main pour les sucer, ou dont on faisait avec de l’eau et du sucre, une boisson qui nous paraissait délicieuse.

 

La Ruhr, … les Eilenbrock l’appelaient le « Ruhrpott ». J’ai entendu cela maintes fois, sans en mesurer tout le sens. C’est tellement mal traduit par « bassin de la Ruhr ».

„Ruhrpott“, c’est une région comprenant Lüdenscheid, Dormund, Essen, Bochum, Duisbourg, Herne, Baden-Wanne- Eitel et Haltern.

„Ruhrpott“ c’est tout un lot de cités grises disparates .

 

« Ruhrpott »c’est aussi autre chose ;

« Pott » est un mot familier pour WC. Et la Ruhr c’est aussi la dysenterie. Cette région avait connu au 16ème siècle une très forte et particulièrement longue épidémie de dysenterie. « Ruhrpott » viendrait, dit-on, de cette période.

Il semblerait donc que cette région dans laquelle je suis née, ce bassin minier au langage, le Platt, si particulier, à l’accent différent du Hochdeutsch, bien plus chantant , il semblerait que cette région ait peu poétiquement dû son nom « Ruhr » et « Ruhrpott » à cette épidémie de dysenterie, tout du moins c’est ce qui se dit.

C’est ainsi, j’ai toujours, un peu, été assise entre deux chaises.

Partagée entre les BRIENNE, ma famille paternelle, française, et les EILENBROCK, ma famille maternelle, allemande, dont je pensais qu’elle venait de la Ruhr. C’était avant que je ne me mette le nez dans l’histoire familiale.

« Ma famille est une famille de commerçants » me racontait maman. « Ils sont de Altendorf et de Byfang » Mais en creusant, et en faisant des recherches, j’appris que les Eilenbrock venaient d’ailleurs, de la Rhénanie Westphalie du Nord. Et qu’ils n’étaient pas du tout au départ une famille de commerçants.

La Ruhr est marquée dans son histoire par le charbon et les mines. Très tôt dans son histoire le charbon définissait cette région et en faisait sa richesse.

Au 13ème siècle il était à fleur de terre et donc très facile à exploiter. Au XVème et XVIème on améliora encore les techniques d’exploitation.

Au 18ème et 19ème les mineurs travaillaient l’hiver et l’été ils exploitent en famille leurs petits lopins de terre. Ils vivent pour la plupart dans des chaumières appelées « Bergmannskotten » (Bergmann étant le mot allemand pour mineur)(voir ci-dessous celles de ma famille allemande).D’autres habitaient dans de cités.

Le charbon est principalement vendu sur place, dans la région. Les familles pauvres s’en servent pour se chauffer.

 

Au 19ème siècle les mines ont besoin de main d’œuvre. C’est ainsi que le père et l’oncle de mon grand-père ont quitté leur coin pour venir travailler dans la mine située à côté de Byfang

Le père de Opa Théodor, Anton, était né en Rhénanie Westphalie du Nord en 1830. Il s’est marié dans la Ruhr à Niederwenigern en 1859 avec une fille du coin. Voici une photo de son « Kotten »

 

 

 

 

Son frère, Frans Theodor, né en 1834, lui aussi en Rhénanie Westphalie du Nord, s’est marié à Byfang en 1861. La famille les a perdus de vue. J’ai une photo du « Kotten » qu’il s’était construit.

Tous deux ont fait souche dans la Ruhr.

Mais Anton n’aura pas profité longtemps de ce qu’il pensait être un eldorado. Il est mort dans un accident de mine à 46 ans. » Opa Theodor“ n’avait que 3 ans. ET il n’en avait que 9 à la mort de sa mère. Elevé par un frère, dès qu’il fut en âge de travailler, il partit, lui aussi à la mine. C’est en se mariant qu’il eut la chance de changer de métier. Il apprit le métier de cordonnier, se mit à son compte et ouvrit un magasin de chaussures.

Les mines de la Ruhr ont fermé, mais la Ruhr est resté une grand région industrielle

Essen a mangé petit à petit les communes avoisinantes, dont Altendorf qui est maintenant un quartier de Essen.

Tout le coin est devenu une immense grande ville. Altendorf/Ruhr s'appelle maintenant: Essen Burgaltendof

 

 

 

 

la Ruhr

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